palier de sécurité

Les bonnes raisons de respecter les paliers de sécurité en plongée

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Si la pratique de la plongée sous-marine telle que nous la connaissons aujourd’hui, est désormais un loisir très au point sur le plan technologique, ça ne s’est pas fait sur un battement de palmes. Cela s’est fait progressivement au fil du temps et de l’eau, grâce à plusieurs découvertes et grâce aux progrès que ces découvertes ont permis. Par exemple, lorsque vous remontez en plongée, vous devez respecter des paliers de sécurité. Mais pourquoi au fait ? Et surtout que peut-il vous arriver si vous ne les respectez pas ? Comment déterminer les temps de décompression ? Comment limiter au maximum les risques d’accident de plongée et donc celui de se retrouver en caisson hyperbare ? Voici quelques unes des questions auxquelles je réponds dans ce nouveau billet.

Origines et explications du palier de sécurité en plongée

Un peu d’histoire

Au 19ème siècle, les premiers scaphandres « pieds-lourds » étaient constitués d’une combinaison de cuir étanche et d’un casque métallique. Ils respiraient au moyen d’un tuyau qui pompait de l’air à la surface et en continue. Le gaz carbonique expiré s’évacuait à la base du vêtement de plongée. Leur autonomie était donc sans limite et les immersions duraient parfois des heures.

Or, beaucoup de ces plongeurs ne remontaient pas indemnes de leur immersion : douleurs diverses, malaises, blocages aux articulations. Certains conservaient même des séquelles beaucoup plus graves telles que des paralysies et surtout, le taux de mortalité chez les scaphandriers était très élevé.

Alors que certains soutenaient l’hypothèse d’une colère divine, les scientifiques de cette époque penchaient plutôt pour un dysfonctionnement du corps sous l’eau. Or le seul élément pouvant en être responsable parce qu’il n’est pas le même sur terre et sous l’eau : c’était la pression.

 

Raies Mantas

Un peu de physique

Un des premiers scientifiques à avoir planché sur ce problème est Paul Bert. Il utilisait des cloches pour étudier les variations de pressions sur les phénomènes vitaux, puis il décrivait les symptômes observés chez les plongeurs. Il a ainsi démontré que l‘hyperoxie était dangereuse pour l’organisme. 

Ce qu’on ne sait pas toujours, c’est qu’au delà d’un certain seuil, l’oxygène peut être toxique. En temps normal, notre organisme tolère une pression partielle d’oxygène comprise entre 0,17 et 0,5 bar. Lorsque cette pression partielle dépasse 0,5 bar, on parle d’hyperoxie.

L’augmentation de la pression de l’air entraîne une augmentation de la quantité d’azote dissous dans le sang. Lors d’une remontée en surface trop rapide, la dépressurisation provoque la formation de petites bulles d’azote au sein des tissus. Avec la diminution de la pression, ces bulles vont augmenter de volume et peuvent alors provoquer une embolie en obstruant la circulation sanguine dans les artères. Elles peuvent aussi se former dans la moelle épinière et l’endommager, pouvant ainsi causer des paralysies irréversibles.

Un peu de médecine 

La plongée implique de pouvoir évoluer dans le monde sous-marin, en profondeur. Elle nécessite donc l’apport d’un mélange gazeux non toxique qui permet au plongeur de respirer grâce à un détendeur. Or, comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, ce mélange n’est pas toujours sans danger. Les conditions normales de pression partielle d’oxygène se situent entre 0,17 bar et 0,5 bar. On parle de « conditions normoxiques ». Notre organisme peut tolérer et donc s’adapter à quelques variations dans la pression partielle d’oxygène respiré mais ce n’est pas sans risques

  • La narcose à l’azote

On parle aussi de « l’ivresse des profondeurs ». A mesure qu’on descend, on se sent euphorique, désorienté et on peut avoir des hallucinations. C’est la narcose à l’azote. Ce phénomène agit sur le système nerveux et provoque des troubles comportementaux. Parmi les facteurs aggravants, on note : la fatigue, une consommation excessive d’alcool, le stress et bien sûr une plongée sans préparation physique.

  • L’effet Lorrain Smith 

Ce phénomène peut être observé dans le cadre d’immersion de plus de 2 heures à une pression partielle d’oxygène (PpO2) supérieure à 0,5 bar. En clair, c’est le risque encouru par un plongeur qui reste 2 heures à moins 15m. Cela entraine une inflammation des alvéoles des poumons. Les symptômes de l’effet Lorrain Smith sont notamment : face rose, gêne respiratoire, toux, brûlures alvéolaires, oedème pulmonaire et une possible crise convulsive.

  • L’effet Paul Bert

Il s’agit là d’un accident de décompression aigu provoqué par une exposition à une PpO2 > 1,6 bar. Cela entraîne une crise convulsive avec perte de connaissance qui se décompose en 3 phases : une phase tonique (contractions musculaires), une phase clonique (convulsions) et une phase finale dépressive. (relâchements). Il n’y a pas toujours de signes avant-coureurs et le risque de noyade est élevé notamment du fait de la perte d’embout pendant la crise convulsive.

C’est donc pour limiter les risques de maladies de décompression que les procédures de palier de sécurité en plongée ont été instaurées.

Que sont les paliers de sécurité en plongée ?

Avant d’aller plus profond dans le sujet (lol !), faisons juste un petit palier nous aussi pour bien comprendre la différence entre palier de sécurité et palier de décompression.

Palier de sécurité et plongée : prudence est mère de sûreté 

Les paliers de sécurité concernent la plongée loisirs. Les respecter n’est pas obligatoire en soi mais grandement conseillé. En pratique, il s’agit de marquer un arrêt en fin de plongée à une certaine profondeur (par exemple 3 mètres) pendant un temps donné (3 min), au cours d’une remontée à une vitesse voisine de 10 m/min (9 à 12 m/min). 

Les caractéristiques de ces paliers sont fonction du temps de plongée et de la profondeur à laquelle elle a été effectuée. Dans le cadre d’une plongée loisir, le moniteur ou guide de palanquée s’arrange le plus souvent pour inclure ces paliers de sécurité avec la fin de la balade… En gros, on remonte gentiment à la surface, en respectant une procédure mais en joignant l’utile à l’agréable. 

 

palier de sécurité

Quelle différence avec les paliers de décompression ?

Ce qu’on en dit…

Au-delà de 30 mètres de profondeur (ou d’une certaine durée passée à une certaine profondeur), les paliers de sécurité deviennent obligatoires et on parle alors de paliers de décompression. Tout dépend donc de votre niveau de plongée mais aussi des sites que vous aurez l’occasion d’explorer. Les paliers de décompression se pratiquent à 12m puis 9m puis 6m puis 3m et suffisamment longtemps pour permettre à l’organisme de s’adapter aux conséquences de la variation de pression. Le principe est de passer un certain temps à une certaine profondeur afin de réduire le taux d’azote ou d’hélium restant dans les tissus humains. C’est précisément ce qui permet de plonger en toute sécurité et d’éviter les maladies de décompression ou accidents de désaturation.

Ceci est un résumé de « vulgarisation du sujet » et pardon pour les puristes qui trouveront que ce n’est pas assez précis ou détaillé. Car on peut aussi être amené à faire un palier de décompression pour une plongée à 25 m de plus de 20 min à cette profondeur. par exemple. Vous l’aurez compris cela ce calcule en fonction de la profondeur de la plongée, combinée au temps passé à cette profondeur (et de nos jours cela est calculé par votre ordinateur de plongée, j’y reviendrai).

Et le Nitrox ?

Afin de réduire la durée des paliers de décompression, certains plongeurs expérimentés utilisent des mélanges gazeux (gaz trimix, Nitrox, Oxygène pur) dans des proportions définies. En effet, une plongée au Nitrox est réalisée avec un air enrichi en oxygène (O2) et donc appauvri en azote, le gaz responsable de tous les maux ou presque du plongeur. Il s’agit d’une certification distincte, bien utile en croisière plongée quand on fait 3 à 4 plongées dans la journée.

L’autre alternative pour les adeptes de plongées profondes, est la plongée recycleur qui permet une plongée profonde, plus longue et avec des paliers plus courts. Si l’expérience vous tente, voici un lien vers mon baptême de recycleur au milieu des tortues à Balicasag.

Comment réussir son palier de sécurité en plongée ?

Il suffit juste de se maintenir calmement à la bonne profondeur et pendant la bonne durée. Surtout pas d’apnée, surtout pas d’effort. On en profite pour être à l’écoute de son corps et pour observer le monde subaquatique autour de nous. 

baptême/ palier de sécurité

Les différents outils des paliers de sécurité

La nécessité de réaliser des paliers de sécurité en plongée, leur durée et la profondeur à laquelle ils s’effectuent, ont d’abord été déterminées par des tables de décompression, lesquelles sont désormais remplacées par des ordinateurs.

Les tables de décompression 

C’est John Scott Haldane, physiologiste écossais, passionné comme Paul Bert par les problèmes des scaphandriers qui fut le premier à mettre au point les tables de décompression. 

Outre une remontée lente, Haldane conseillait également d’effectuer des paliers à différentes profondeurs. Cela permettait à l’organisme d’évacuer l’azote accumulé dans les tissus au cours de la plongée (phénomène de sursaturation) et de ressortir de l’eau sans que se forment les bulles responsables des accidents.

Même si la quasi totalité des plongeurs utilisent désormais des ordinateurs de plongée, l’utilisation de ces tables reste enseignée notamment dans les cours théoriques. Elles peuvent par exemple être utiles en cas de défaillance de l’ordinateur. En France, ce sont les tables fédérales de la FFESSM qui sont les plus courantes. Elles trouvent leurs origines dans les tables MN90 créées par la Marine Nationale en 1990, modifiés en 1998. Au plan international, ce sont les tables PADI qui sont le plus utilisées dans le cadre de plongée loisir. Je vous joins ici un lien de la FFESSM sur ce sujet.

 

palier de plongée / tables

Les ordinateurs de plongée

Le matériel de plongée a bien évolué depuis l’époque de Haldane et si ses tables sont toujours utiles, il est désormais possible de se procurer un ordinateur de plongée qui fait tout, tout seul ou presque. Il suffit au plongeur, de compléter avec les données nécessaires et l’ordinateur calcule tout à sa place : limite de non décompression et paliers à respecter. 

Surveillez donc attentivement ses indications. Si l’ordinateur indique qu’à la profondeur où vous situez, vous pouvez rester encore 8 minutes, commencez à remonter au bout de 5 minutes. En procédant ainsi, vous plongez toujours dans la courbe de sécurité. C’est à dire en dessous des limites de décompression. Les calculs des ordinateurs s’avèrent t toujours un peu plus « généreux » pour votre sécurité que la stricte nécessité, mais qui peut le plus peut le moins !

 

Cosmiq+ carnet de plongée

Les parachutes

Les parachutes de plongée servent à signaler en surface, la présence de plongeurs en train de remonter ou de réaliser leurs paliers. Autrefois, seuls les guides de palanquée les utilisaient mais désormais, de plus en plus de plongeurs en détiennnent. Attention toutefois parce qu’il n’est pas toujours facile de s’en servir et on peut facilement se retrouver entortillé dedans, ou pire entraînés lors de la remontée ou du palier…

Même s’ils ne sont obligatoires que lors de plongées profondes, mieux vaut prendre l’habitude de faire ces paliers de sécurité. Eliminer l’excès d’azote avant de remonter à la surface revient à prendre soin de son corps et nous ne devrions pas avoir besoin de la réglementation pour avoir cela en tête et comme priorité.

palier de sécurité

 

Par ailleurs, les paliers de sécurité ne sont pas les seules notions importantes à connaître quand on pratique la plongée. La base, c’est déjà de respecter les limites imposées par votre niveau d’expérience et par votre niveau. En ce qui me concerne, étant niveau 2, la profondeur maximale à laquelle je peux descendre  en étant encadrée est 40m. Autre point essentiel pour moi : je ne plonge jamais seule. Être encadrée par des pros ou au moins accompagnée par son binôme fait partie des mesures de sécurité élémentaires que je respecte autant dans le monde sous-marin, qu’en randonnée en pleine montagne. Là aussi je sais que ce sujet peut-être polémique, car j’ai entendu de nombreux plongeurs me dire qu’il vaut mieux « plonger seul que mal accompagné » ! 

Alors, comme un « point-sécurité » n’est jamais superflu, voici un article synthétique sur ce sujet et si vous aviez d’autres conseils à ajouter, n’hésitez surtout pas à le faire en commentaire : je suis toujours preneuse !

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  • J’ai réservé une initiation à la plongée durant les vacances d’été, tes conseils me seront d’une grande aide ! Je doute que je descende loin pour cette initiation, mais connaître les règles de sécurité me rassure 🙂 Merci !

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    • Tu as raison ! C’est essentiel de s’informer et d’avoir les bases de la théorie… merci de ton passage sur Dans nos bulles ! N’hésite pas à revenir après ton baptême !

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  • Bernard Riviera
    24 mai 2022 16 h 35 min

    Attention, erreur sur le caractère non obligatoire des paliers en deça de 30 m.
    Par exemple paliers nécessaires pour plongée à 25 m au delà de 20 mn de plongée.

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