Se souvenir de ses racines, d’où l’on vient… C’est important pour savoir où l’on va.
Et aussi comment on veut y aller.
Je vous ne l’ai jamais dit mais un de mes deux grand-pères était agriculteur, rapatrié d’Algérie, en 1962. Et j’en suis très fière, de mes racines pieds noirs et de cette histoire familiale. C’est sans doute pour ça que, quoi qu’il m’arrive, j’ai les 2 pieds dans la glaise.
Arrivé « une main devant une main derrière » avec ma grand mère et leurs deux enfants, (devenus tous les deux médecins après de longues études- je vous ai dit qu’en arrivant à Montpellier, mon père a dormi un certain temps, voire un temps certain dans sa voiture avant de trouver un point de chute ?), mon ailleul, Noël (né un 24 décembre !) a retapé une porcherie à St Martin de Crau, dans les Bouches du Rhône, au coeur de la Camargue, entre le Rhône et le Petit Rhône, pour redémarrer une nouvelle vie et permettre à ses fils de boucler leurs études de médecine entamées à Alger.
Elevée très tôt à son côté sur un des gardes boue du tracteur, ma cousine sur l’autre, ou à l’arrière sur la remorque au milieu des cagettes de pêches, ou de poires, j’ai, très jeune, compris ce qu’était le goût de l’effort et les bienfaits que peut nous apporter la nature quand on prend soin d’elle.
Mon grand père se levait à l’aube, vers 5 h du matin, quasi toujours à la nuit. Il buvait son café au lait et partait… qu’il vente ou qu’il pleuve, car quand c’était l’heure de tailler, de passer l’atomiseur, ou de cueillir les fruits mûrs, il n’était pas possible d’attendre, même si on était pas au mieux de sa forme, il fallait y aller et bosser, toute la journée, sans s’écouter. C’était ainsi, parfois dur, mais on y réfléchissait pas quand on appartenait à la génération de nos grands parents.
Je me souviens aussi de ses fruits, si odorants et si goûteux. Les pêches, blanches et jaunes, les brugnons, juteux, moelleux, les pommes parfumées, les rouges, les jaunes… Les pêches étaient grosses comme des pamplemousses… délicieuses et charnues, sucrées à souhait.
Il y avait aussi les balades dans son potager. Le ramassage des haricots, des tomates, des salades, des courgettes, des melons et des pommes de terre. Nous mangions avec les saisons, à leur rythme, les produits de sa petite exploitation agricole, durement acquise au retour de Fouka marine. Les cerises l’été, les oranges l’hiver, les fraises au printemps, les champignons à l’automne, dans cet ordre. Et pas un autre.
Nous allions chez le voisin chercher des bouteilles de lait frais. Ma grand mère me faisait en rentrant du chocolat au lait avec la crème dessus, comme une peau. J’adorais ça… Vous avez remarqué ? Y a plus de « peau » sur le lait…
Des choses simples, de bonnes choses, cultivées ou fabriquées prés de chez soi. Les fameux circuits courts si nécessaires à nouveau… Il n’y en avait pas vraiment d’autres alors, et c’était très bien ainsi !
Quand je repense à tout ça je me dis que si aujourd’hui je suis pragmatique, viscéralement attachée aux miens, et si je ne me sens vraiment bien que dans la « verdure » ou au contact des bestioles, dans l’eau ou hors de l’eau… c’est qu’il n’y a pas de mystère, et que ce qui nous définit dans le présent est bien notre passé, la façon dont nos avons été élevés, nos racines, nos origines.
Personnellement je suis fière des miennes et j’avais envie de le partager avec vous…
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Fille et petite-fille de famille pieds noirs (avec des origines allemande et espagnole). Nous savons ce qu’ils ont vécu pour l’avoir entendu maintes et maintes fois. Ne jamais oublier nos racines. Et continuer avec nos enfants et petits-enfants.
Histoire d une vie, écrite avec passion et amour, merci Anne