Le sens de l’orientation sous l’eau, c’est pas toujours gagné !
En souvenir de mon passage du PA 20, j’ai eu envie de vous faire partager mes récentes expériences et mes sensations sur l’apprentissage de cette indispensable « compétence ». Enfin tout au moins de la partie relative à l’épreuve d’orientation.
Avez-vous le sens de l’orientation ? Moi non !
Alors avant toute chose, autant vous dire que j’ai un sens de l’orientation très peu développé.
Comme je dis toujours, je me perds dans les couloirs d’Isola 2000. Les Azuréens comprendront donc très bien mon niveau en la matière à l’évocation de cette image !!
Bref, dans le PA 20 il y a une partie qui concerne cette qualité et on vous demande un moment, bien sûr, vu que vous êtes censés être autonomes à l’issue de la formation, de prendre les rennes de la palanquée et de ramener tout le monde au bateau, en s’assurant aussi naturellement que la sortie de l’eau se fasse en sécurité, après les procédures ad hoc.
Inutile de vous dire que ma première expérience a été faite un peu en stress pour moi, car s’agissant d’un spot au Cap de Nice, je me voyais déjà guider tout le monde vers le Cap Corse !
Première expérience en orientation… réussie !
Et bien pas du tout, ça s’est très bien passé ! J’ai été la première surprise de voir qu’en étant simplement très attentif à son environnement et en écoutant bien le brief et les conseils de départ, c’était finalement faisable. Et en effet je l’ai fait! Si, si, moi !
Il y a certes une multitude de difficultés auxquelles je n’ai pas encore été exposée (manque de visibilité par exemple, encore qu’hier elle n’était pas terrible !), et en ce qui me concerne, la première d’entre elle c’est que rien ne ressemble plus à un bateau qu’un autre bateau déjà à l’extérieur, alors, vu d’en dessous ! Mais là encore en examinant attentivement le mouillage (l’encre, la corde), on parvient en définitive à s’y retrouver.
Quelques conseils…
Il convient pour cela lorsque l’on descend, de se retourner, pour mémoriser la forme de la coque, et les repères spécifiques (échelle (s), hélice(s), cordage du mouillage), pour ne pas confondre avec un autre bateau au retour. L’ancre, point de départ fréquent, est aussi à mémoriser (taille et type différent), ainsi que sa profondeur.
Au retour lorsque l’on pense être dans la zone proche du bateau, il convient de s’arrêter, et de faire plusieurs tours d’horizon, en balayant très lentement du regard vers la surface. Même dans une eau limpide, et avec du soleil, on peut très bien passer à une vingtaine de mètres de la coque, sans la voir, si notre regard ne s’attarde pas (l’œil a du mal à accommoder dans ces conditions).
Le premier des conseils, et le plus important, consiste à :
Travailler et à développer son sens de l’observation.
Et ce si possible à chacune de vos plongées. Et celui-ci ne peut vraiment se développer qu’à partir du moment où vous avez acquis une certaine aisance dans le milieu, et où vous vous débarrassez petit à petit du stress et des préoccupations matérielles, pour enfin se détacher des palmes de son guide. D’où la bonne idée de ne s’attaquer à cela qu’après le Niveau 1.
A partir de là seulement, à l’aide d’observations, et en prenant de conscience du milieu, il sera possible de commencer à se repérer plus facilement.
Pour apprendre dans ce domaine, le premier moyen vraiment incontournable vous diront les moniteurs: plonger et plonger encore, et si possible dans différents environnements. Dans des eaux froides et troubles, en faible luminosité, en plongée de nuit, avec des courants, sur des fonds différents…
C’est la diversité des plongées qui fait l’expérience du plongeur, comme dans toutes choses, mais particulièrement dans le domaine de l’orientation.
Le deuxième est celui de l’utilisation de la boussole ou du compas.
Cette technique, secondaire, permet toutefois, associée au sens de l’observation, et dans certaines conditions, de se diriger, ou de lever un doute sur une direction.
C’est une technique qui s’apprend, à partir des repères cardinaux, mais nécessite aussi de la pratique. Personnellement je n’en suis pas encore là !
Alors en attendant de pratiquer, les conseils et recommandations que vous donnent les moniteurs sont les suivants :
– Savoir se situer en permanence, par rapport à des points fixes (le bateau en général en étant le principal), savoir où aller (et à partir de quel moment il faut entamer le trajet retour, ne pas se faire distraire ou tromper par des éléments perturbateurs
Cela revient à savoir :
– Se déplacer dans des directions variées, et retourner au mouillage, effectuer un parcours rectiligne au fond, effectuer un parcours rectiligne en pleine eau…
Pour cela, il y a des éléments qu’il faut prendre l’habitude d’observer avant de partir :
Situer le soleil :
Le soleil, lorsqu’il n’est pas trop haut, est un excellent moyen de s’orienter. Attention, on a souvent tendance (inconsciemment) à se diriger dans sa direction. Les ombres portées sur les fonds renforcent cette aide.
Repérer le type de fond :
Le fait de rencontrer durant une plongée des fonds de types différents (sable, herbiers, rochers, tombants, coraux, etc…) permet de mieux se situer.
Prendre des repères spécifiques :
L’ancre du bateau (attention à celles des autres bateaux alentours s’il y en a), une épave ou un morceau d’épave, un rocher de forme significative, une faille, des détritus.
Le courant peut aussi être un facteur :
Le sens du courant peut être une aide précieuse, seulement si il est constant en direction… attention aux mers à marée (Manche, Atlantique)…
Autre élément essentiel, peut- être même le premier, la profondeur du mouillage :
La profondeur est une aide très précieuse dans l’orientation. En fonction de la description du site faite par le directeur de plongée, cette donnée permettra de se situer globalement, mais quelquefois de manière très précise, par rapport au mouillage et à la zone de plongée.
Inutile de chercher une ancre mouillée à 15m (info du pilote) ou repérage avant le départ, au-dessus d’un fond de 20m ou plus.
La topographie :
Associée à la profondeur, elle peut donner le sens approximatif du retour, ou d’une direction, sur un tombant par exemple.
La distance :
Ce paramètre très important en plongée, est malheureusement le plus difficile à évaluer. On a souvent tendance à sous-estimer la distance parcourue sous l’eau, c’est à dire, que pour une distance visée (retour au bateau par exemple, repéré en surface), et bien il y a de fortes chances pour que l’on dépasse celui-ci.
La première façon de connaître la distance parcourue, nécessite un étalonnage de son palmage, c’est à dire des exercices, consistant à compter le nombre de battements, en palmant régulièrement sur une distance connue, puis à refaire le parcours les yeux fermés par exemple, pour vérifier et corriger. Ensuite il conviendra de mémoriser ce rythme, pour palmer toujours de manière identique. C’est très difficile à appliquer en plongée d’exploration à plusieurs. Autant dire que ça c’est plutôt pour les confirmés !
L’autre moyen (beaucoup plus simple, celui qu’on vous apprend en priorité), est d’estimer la distance par rapport au temps écoulé. Cela implique alors de se connaître, mais aussi d’évoluer de manière régulière, ce qui est rare, du fait du nombre de plongeurs, et des choses à observer. Mais en gros si vous devez plonger 40 minutes faites demi tour au bout de 20.
Carte ou croquis :
Un petit croquis réalisé pendant le briefing, mettant en scène les repères remarquables: caps, profondeurs, types de fond, distances sera très utile pour recaler son observation en cours de plongée, à condition d’être attentif lors du briefing… Cela se pratique beaucoup à l’étranger.
Quelques difficultés sont aussi à cerner pour mieux parvenir à l’objectif :
Les autre membres de la palanquée ou d’autres palanquées :
En autonomie, le fait d’être plusieurs, peut perturber le déplacement.
D’une part le choix de direction n’appartient pas forcément toujours au même, et on se fait distraire dans son observation du déplacement, soit par la direction prise par les autres, soit par les observations de la faune.
D’autre part les options de cap et d’orientation peuvent être divergentes, un plongeur peut imposer son idée, qui ne sera pas forcément la bonne. Suivre une autre palanquée du même bateau au retour n’est pas non plus un gage de sécurité. Qui sait ? Ils sont peut-être moins doués que vous en orientation ! Il faut avoir confiance en soi.
Le « bleu » :
Sans fond visible, ni tombant sur les cotés, l’orientation est très difficile pour ne pas dire impossible, sans instrument ou sans soleil efficace. Ce cas est fréquent, lorsque quittant le tombant de votre plongée, vous voulez retourner au bateau en réalisant votre palier en déplacement à 3m, le fond de 20m ou plus, n’est pas forcément visible.
Les eaux troubles :
Les eaux limpides sont rares, les particules en suspension sont souvent en nombre, surtout après une météo venteuse dans les jours précédents. Cette visibilité réduite, diminue considérablement, voire complètement l’acquisition de repères, comme dans le « bleu ». Ces particules, sont particulièrement handicapantes en plongée de nuit, puisqu’elles réfléchissent la lumières des lampes (comme le brouillard et les phares). Un phare puissant sera alors moins efficace qu’une petite lampe. Le compas devient indispensable.
Le temps couvert :
Ou plutôt, l’absence de soleil, rend les fonds homogènes et sans ombres, et supprime donc un élément important d’orientation.
Le palmage :
Le palmage influe aussi sur la direction. On a tous un palmage dissymétrique, c’est à dire une jambe plus forte que l’autre entraînant une déviation plus ou moins importante de la direction. Cette dissymétrie peut être corrigée par un entraînement, ou simplement connue, pour en tenir compte dans les déplacements. Un « 180°» est réalisable de manière inconsciente. Faites le test les yeux fermés en piscine !
L’effet « retour » :
La plus grande erreur, est de ne jamais se retourner. En effet, le paysage, les repères, les ombres, que nous observons dans une certaine direction, n’ont rien à voir avec la vision que l’on en a dans l’autre sens, c’est à dire sur le trajet retour. Les plongées s’effectuant le plus fréquemment en aller-retour, Il est donc primordial de prendre ses repères, non pas dans le sens aller, mais en se retournant, pour mémoriser la vision que l’on en aura alors en retournant vers le mouillage.
Enfin il y a aussi l’orientation instrumentale, à l’aide d’un compas ou d’une boussole… Mais cela sera l’objet d’une autre histoire…
La chance du débutant ? Sans doute !
Quand on lit tout ça je ne peux m’empêcher de me dire que c’est pas gagné et que j’ai eu la traditionnelle chance du débutant !
Pour conclure, je retiendrai les paroles pleines de sagesse du Chef de base du Club dans lequel je plonge en entre deux voyages, « revenir au bateau c’est bien, mais l’essentiel réside dans une sortie en sécurité, respectant les procédures de décompression, c’est la première des priorités ».
C’est bien noté !
Et vous comment faites-vous ? Quels sont vos trucs et astuces ??
4 Commentaires. En écrire un nouveau
Bonsoir Anne,
Quelle chance on a en Atlantique à La Rochelle…
On descend le long du boute accroché à une bouée cerise en surface et à une gueuse posée sur l’épave. Et on ne se pose pas de question pour remonter et savoir trouver le bateau.
Après la phase exploration, on remonte directement dans le bleu sans chercher le boute (attention à bien surveiller la vitesse de remontée!) et on lâche le parachute. Paliers accrochés après la poignée du dévidoir (parachute grand modèle, grosse flottabilité 1.80 mètre et à soupape) et on remonte à la surface et c’est le bateau qui vient nous chercher… Que du bonheur… 🙂
Bises à a nouvelle mamie et plongeuse!
Hello François! Merci pour ton commentaire. Témoignage intéressant et précieux, comme j’aimerais en avoir davantage. Les gens commentent sur les réseaux mais pas sur le site. Merci pour tes félicitations 😉 Bises
Bonjour chers amis plongeurs, après ce récit interessant même très, il n’ya plus rien à dire, juste, appliquez le à la lettre.
Merci :)!