Je me rappelle encore de ma peur avant ma première plongée au-delà de 30 mètres. Vais-je souffrir de l’ivresse des profondeurs ? Est-ce que je vais réussir à la maîtriser ? Heureusement, tout s’est bien passé !
Aujourd’hui encore, je me pose des questions sur ce malaise que l’on ressent lors d’une plongée en profondeur. Pourquoi un tel phénomène se produit-il ? Quels sont les symptômes et comment l’éviter ? Dans ce billet, je partage avec vous toutes les informations que j’ai trouvées à ce sujet.
Définition de l’ivresse des profondeurs
L’ivresse des profondeurs, aussi appelée « narcose à l’azote », est un trouble du système nerveux lié à l’augmentation de la pression sous l’eau. Cela entraîne une hausse de la pression de l’azote contenu dans l’air respiré, qui devient alors un gaz narcotique et dangereux pour la sécurité du plongeur.
Les sensations ressemblant à celles liées à la consommation d’alcool, ce terme a été employé depuis sa découverte en 1930 par les scientifiques Hill et Macleod. Ce phénomène peut apparaître lors d’une plongée à plus de 30 mètres de profondeur et devient inéluctable au-delà de 60 mètres.
Les causes de l’ivresse des profondeurs
L’air que l’on respire est principalement composé de deux gaz : le diazote (N2) et le dioxygène (O2). Ce dernier est directement consommé par notre organisme, car il a besoin d’oxygène pour fonctionner. En revanche, l’azote n’étant pas essentiel, il est dissout dans le sang et les tissus. Son élimination est alors progressivement effectuée lors de chaque expiration.
La pression à la surface de l’eau est de 1 bar. Lorsque vous plongez, elle augmente en fonction de la profondeur (1 bar par 10 mètres). Arrivé à une pression de 5,4 bar, l’azote devient alors toxique pour l’organisme et agit comme un narcotique. Ainsi, au lieu d’être correctement évacué, il se fixe sur la gaine des fibres nerveuses. Ce procédé altère alors considérablement le comportement des plongeurs.
Toutefois, même si personne n’est immunisé contre ce phénomène naturel, la sensibilité diffère considérablement d’un individu à un autre. En effet, certains ressentiront déjà un effet marqué après une légère augmentation de la pression. En revanche, d’autres ne seront affectés qu’à partir de son seuil critique (environ 60 mètres de profondeur). Notez encore que cela peut varier d’un jour à l’autre. Ne soyez donc jamais trop confiants et restez vigilants.
Quels sont les symptômes d’une narcose à l’azote ?
Même si, d’un plongeur à un autre, l’intensité des sensations procurées par l’ivresse des profondeurs est inégale, les ressentis restent cependant similaires. Ainsi, 7 symptômes de la narcose à l’azote ont été répertoriés. Néanmoins, dans les cas les plus extrêmes, celles-ci peuvent engendrer une perte complète de conscience ou un coma.
- Euphorie et autres troubles de l’humeur : les sentiments que procure l’ivresse des profondeurs peuvent être contradictoires. Ainsi, les symptômes observés sont l’euphorie et l’hilarité ou, au contraire, l’angoisse et la terreur. Quels qu’ils soient, ces sensations amènent généralement le plongeur à commettre des fautes graves, comme le relâchement du détendeur ou la progression en profondeur sans retour.
- Dérèglement psychomoteur : l’habilité et la coordination du plongeur souffrant de narcose sont totalement déréglées, ce qui engendre une fois encore la perte de maîtrise et le risque élevé de commettre l’irréparable.
- Altération des facultés intellectuelles : les idées se bousculent et ne peuvent plus être maîtrisées. La capacité d’anticipation peut également totalement disparaître.
- Troubles de l’attention : un monologue intérieur incessant prend le dessus. Il devient alors impossible pour le plongeur de se concentrer et de prendre des décisions raisonnables en temps voulu.
- Pertes de mémoire immédiate : malgré un contrôle incessant des appareils de mesures (ordinateur de plongée ou profondimètre), le plongeur n’arrive pas à se rappeler les données observées.
- Confusion et trouble de la perception : troubles visuels pouvant aller jusqu’aux hallucinations et dérèglement auditif ressemblent aux symptômes liés à la prise de drogue. Une vision « tunnel » a également souvent été répertoriée.
- Dégradation des rapports spatio-temporels : la perception du temps et de l’espace n’est plus détectable. Ainsi, le plongeur peut s’enfoncer dans les profondeurs en croyant rejoindre la surface ou négliger son temps de plongée imparti.
Les risques de l’ivresse des profondeurs ?
Vous l’avez certainement compris en lisant les chapitres précédents, l’ivresse des profondeurs peut, dans le pire des cas, être mortelle. En effet, selon les situations, les troubles ressentis sont si importants que le plongeur perd toute notion de sécurité et d’instinct de survie.
Par ailleurs, les effets de l’accumulation de l’azote dans les tissus pourraient mener à des risques de la santé sur le long terme. Toutefois, les recherches que j’ai trouvées à ce sujet ne semblent pas encore avoir abouties à des conclusions précises.
Il n’en reste pas moins que ce type de plongée en eau profonde devrait être effectuée avec parcimonie. Dans le cas contraire, un suivi médical régulier est recommandé afin de contrôler les risques encourus.
Comment éviter l’ivresse des profondeurs ?
Pour limiter les risques liés à l’ivresse des profondeurs, les plongeurs doivent adopter une approche responsable et sécuritaire de la plongée.
Une technique de respiration spécifique peut être enseignée aux plongeurs. Elle permet de se prémunir contre la narcose et de réduire ainsi la quantité d’azote contenue dans l’air inhalé. Celle-ci peut vous être enseignée dans tous les clubs de plongée professionnels.
De plus, il est conseillé de prendre des pauses plus fréquentes afin de permettre au corps d’accumuler des niveaux élevés d’oxygène avant chaque descente. En effet, une descente rapide augmente considérablement le risque de narcose.
Le nitrox et le trimix sont également utilisés pour diminuer l’effet de l’azote. Ces bouteilles spéciales sont alors un bon moyen de réduire les risques de souffrir de l’ivresse des profondeurs une fois passée la barre fatidique des 30 mètres.
De nombreux plongeurs et moniteurs de plongée sous-marine recommandent également l’utilisation d’un compteur numérique portable. Celui-ci permet de mesurer le taux d’azote dans l’air respiré par le plongeur pour maintenir un niveau sûr de gaz présents à chaque profondeur. Cet appareil peut être porté sur le bras du plongeur pour mesurer le taux exact et avertir si les niveaux deviennent trop élevés ou si les gaz sont mal mélangés à partir des bouteilles.
Par ailleurs, d’autres éléments semblent influencer ce phénomène. En effet, il a été constaté que l’ivresse des profondeurs est considérablement plus dangereuse en cas de consommation préalable d’alcool ou de drogue. De plus, une surcharge pondérale, un état de stress ou de fatigue et le froid sont d’autres facteurs aggravants. Soyez-en pleinement conscient pour plonger à plus de 30 mètres de profondeur en toute sécurité !
Conclusion
L’ivresse des profondeurs reste l’un des phénomènes les plus effrayants pour les plongeurs qui se lancent pour la première fois dans une plongée en eau profonde. L’augmentation de la pression sur l’azote procure des effets difficilement contrôlables.
Suivez tous les conseils énumérés dans cet article pour éviter de faire une erreur fatale ! Faites-vous toujours accompagner par des professionnels et ne plongez pas à ces profondeurs si vous ne vous sentez pas dans les meilleures conditions, physiques et mentales.
Et vous ? Quels étaient vos sentiments avant votre première immersion à plus de 30 mètres ? Avez-vous ressenti des symptômes liés à la narcose à l’azote ? Comment les avez-vous gérés ?
Tous vos commentaires et partages d’expérience permettront certainement à d’autres plongeurs de ne pas prendre de risques incongrus !